Immunophénotype des syndromes lymphoprolifératifs (SLP)

L'immunophénotypage :

-          est indispensable au diagnostic des SLP-B et aide au diagnostic des SLP-T ou -NK

-          offre des informations pronostiques

-          permet d'identifier des cibles thérapeutiques

Principe d'analyse des lymphocytes

L’analyse peut se réaliser sur : sang, moelle osseuse, liquide d'ascite, LCR, cellules de biopsie ganglionnaire en suspension, voire cyto-aspiration

La technique et l’analyse cytométrique sont superposables à celles de l’analyse des LA.

Le screening est effectué à partir des 3 marqueurs suivants :

CD 3                SLP-T

CD19               SLP-B

CD56               SLP-NK

1 - Antigènes d'intérêt dans SLP-B (au sein de la population CD19+)

Les cellules B anormales ont un phénotype +/- caractéristique selon l'entité clinique.

Il existe deux types d'anomalies phénotypiques :

                    restriction Kappa ou Lambda

                    expression antigénique aberrante

Le marquage κ et λ permet de rechercher une clonalité.

On inclut également le CD38.

diapos1

LLC : leucémie lymphoïde chronique ; FL : lymphome folliculaire ; SMZL/SLVL : lymphome de la zone marginale splénique, lymphome splénique à lymphocytes villeux ; L Tricho : leucémie à tricholeucocytes ; L Tricho V : leucémie à tricholeucocytes variante ; MCL : lymphome du manteau ; DLBCL : lymphome B diffus à grandes cellules ; LB : lymphome de Burkitt.

CD11c, FMC7 et CD43 ne sont pas recommandés d'emblée dans le panel.

Il faudra faire attention au marquage CD20 chez un patient traité par Ac monoclonaux anti-CD20.

La recherche d'une maladie plasmocytaire (plasmocytome, myélome, leucémie à plasmocytes, amylose, maladie des chaînes lourdes et maladie des chaînes légères) est orientée par le phénotype CD19low/- CD38high auquel s'ajoutent l'expression CD138+ CD20- CD56+ CD10+ CD28+ (50 %) CD27- (50 %) CD117+ (20 %) et la  restriction kl cytoplasmique ou membranaire, en plus de la présence d'une Ig sérique.

Des Ag supplémentaires peuvent être ajoutés en fonction du contexte clinique ou des données cytologiques :

CD43 : est surexprimé dans la LLC, + dans MCL, - dans SMZL et FL

CD200 ou cycline D1 peuvent aider à différencier une LLC d'un MCL (phénotype CD5+ CD10- FMC7 -)

CD123 : leucémie à tricholeucocytes

Marqueurs pronostiques :

LLC : CD38 et Zap70 Bcl2 cytoplasmique

Myélome : perte du CD56, perte du CD27, perte du CD45, CD28+ auraient une valeur pronostique péjorative

Suivi de la MRD :       LLC : CD81dim CD22-

2 - Antigènes d'intérêt dans SLP-T (= au sein de la population CD3+)

Démarche permettant de rechercher une prolifération clonale :

1-      Évaluation initiale :

                          a.      Marqueurs pan-T : CD2, sCD3, CD5, CD7

La perte d'expression d'un de ces marqueurs dans une population T constitue un argument en faveur d'une lymphoprolifération T (population "aberrante"). Par exemple, le CD7 est perdu dans le syndrome de Sézary et l'ATLL.

                          b.      Détermination CD4/CD8 :

                                                    i.      CD4+ CD8- : majorité des lymphomes T

                                                    ii.      CD4- CD8+ : T CD8 (LGL ou non)

                                                    iii.      CD4- CD8- : étude des TCR pour suspicion de lymphome Tgd

                                                    iv.      CD4+ CD8+ : argument en faveur de malignité

2-      En seconde intention :

                         a.      Type de récepteur à l'Ag : expression du TCRab ou TCRgd

                         b.      Autres marqueurs également utiles : CD10, CD25, CD30, marqueurs NK…

 diapos2

LAI-T : lymphome T angio-immunoblastique ; ATLL : leucémie/lymphome à cellules T de l'adulte ; LPL-T : leucémie prolymphocytaire T ; LGL : large granular lymphocytes

3 - Ag d'intérêt dans SLP-NK

Ces SLP sont rares. Il est nécessaire d'utiliser un large panel de marqueurs afin de montrer la clonalité : CD56, CD57, CD16, CD158, CD94, marqueurs de cytotoxicité (perforine intra-cytoplasmique, granzyme B intra-cytoplasmique et TIA-1) et récepteurs spécifiques des cellules NK.

Dans la moelle osseuse, le diagnostic différentiel peut être difficile avec les cellules tumorales d'un neuroblastome ou d'un rhabdomysarcome. Le caractère CD45+ permet de s'assurer de la nature leucocytaire (les cellules tumorales d'un neuroblastome ou d'un rhabdomysarcome sont CD56+/CD45-).

Références

(1) Arnoulet C., Béné MC. et al : Four- and five- color flow cytometry analysis of leukocyte differentitayion pathways in normal bone marrow : a reference document based on a systematic approach by the GTLLF and GEIL. Clinical Cytometry. 2010;78B:3-10.

(2) Craig F. E, Foon K. A. : Flow cytometric immunophenotyping for hematogic neoplasms. Blood. 2008;111: 8.

(3) Béné MC, Nebe T. et al : Immunophenotyping of acute leukaemia and lymphoproloferative disorders : a concensus proposal of the European LeukemiaNet Work Package 10. Leukemia. 2011;25:567-574.

Document rédigé par Camille Ramirez, Interne en Biologie (septembre 2011)